Le Taiji Tanglang Quan L'art du combat de la
Mante Religieuse (Tanglang quan) est un style d'art martial chinois
ayant une riche et longue histoire. Il fut créé par un
homme nommé Wanglang pendant la dynastie des Song du Nord
(960-1127). Il est rapporté dans les manuscrits du temple
Shaolin, dans les annales du comté de Dengfeng dans la province
du Henan, ainsi que dans les anciens manuels de l'art du combat de la
Mante Religieuse de mon grand-père [Song Zide] que l'art de
Wanglang combinait ensemble l'essence des différents arts
martiaux de son temps.
A l' époque des Song du Nord, un abbé du temple Shaolin qui s'appelait Fuju avait l' habitude de convier les hommes les plus habiles de tout le pays à échanger avec lui leur points de vue sur les arts martiaux. Au bout de ces années de recherches, il composa le poème suivant sur les 18 styles les plus marquants de son époque: Le Chang quan (art du combat en respectant la distance) de Taizu est à l'origine de tout Le Tongbei quan de Hantong est comme une mère Les techniques enroulantes et enveloppantes de Zhengen sont tout à fait fantastiques Le Duan quan (art du combat rapproché) de Wenyuan est merveilleux Les coups au corps à corps de Maji sont les meilleurs Le Hou quan (art du combat du Singe) de Sunheng a une très grande renommée Il est difficile d'approcher les techniques qui bousculent de Huangyou Les techniques de paumes volantes de Miansheng sont extrêmement rapides La boxe de Jinxiang brise et passe au travers La technique de Huande consiste à saisir, cueillir et frapper La technique de Liuxing consiste à agripper, maintenir et cueillir Tanfang a l'art de s'échapper par un mouvement circulaire et de revenir frapper à l'oreille Yanqing a l'art d'entrer en contact, d'empoigner et de projeter Les coups de pied du Canard Mandarin de Linchong sont très forts La boxe de Mengsheng enchaîne sept techniques continûment La technique de Cuilian s'appelle "le coup de poing qui aplatit l'intérieur du nid" Yanggun bat, cueille et entre tout droit Le Tanglang de Wanglang fait la synthèse de tous ses rivaux
[Taizu est le fondateur de la dynastie Song, Hantong est un héros connu de la même époque, Yanqing et Linchong apparaissent dans le célèbre roman de cape et d'épée "Au bord de l'eau" dont l'action se déroule à la fin des Song du Nord, toutefois, il se peut fort bien qu'ils soient antérieurs à cette période et qu'ils y aient été transportés par un effet de licence poétique comme c'est le cas d'autres personnages historiques avérés du roman. Le style du Singe est aussi mentionné dans les écrits du Général Qi Ji Guang (1528-1587) parmi les styles célèbres de l'époque Song.] En effet, Wanglang avait déjà étudié les points forts des autres maîtres et adopté les principes des cinq éléments et des huit trigrammes pour créer le Tanglang quan. Il avait aussi inclus le principe du Faîte suprême (Taiji) de Zhouyi dans son Tanglang quan, c'est pourquoi celui-ci est aussi appelé Taiji Tanglang quan. C'est à partir du vide primordial que toutes les choses sont engendrées. Un maître de Tanglang quan lui aussi utilise le principe du cercle parfait. De même qu'il est impossible de trouver l'extrémité d'un cercle, personne ne peut arrêter le cours de ses mouvements fluides. Dans ses postures, dans ses techniques le principe du cercle parfait est omniprésent, c'est-à-dire que yin et yang, mouvement et immobilité, dureté et souplesse, avancées et retraites, bond d'esquive et bond d'attaque, ouverture ou fermeture de garde, tout cela et bien d'autres choses encore se transforment naturellement et harmonieusement les unes en les autres. Le Tanglang quan est un trésor précieux et unique des arts martiaux chinois qui possède une théorie complète. Ses sept principes longs et huit principes courts recouvrent intégralement les techniques à longue et courte portée. Ses techniques sont formidables pour le combat rapproché. Le Tanglang quan a aussi 12 mots clés: Ti, Na, Feng, Bi, Nian, Zhan, Bang, Tie, Lai, Jiao, Shun, Song, qui permettent de s'accommoder de et faire face à toutes les situations possibles, leur versatilité va au-delà de ce que l'esprit humain peut saisir. Des anciens traités d'arts martiaux disent du Tanglang quan: " Les mains du Taiji, les pas du coq qui grelotte, les mouvements du singe. Les mains du Taiji cela signifie que les techniques de mains se transforment les unes en les autres à l'infini, les pas du coq qui grelotte fait référence à des techniques de déplacement qui elles aussi se transforment les unes en les autres indéfiniment. Les mouvements peuvent évoquer ceux de la libellule rasant la surface de l'eau ou du papillon butinant parmi les fleurs, virevoltant dans les quatre directions, tantôt s'élevant ou redescendant en décrivant des cercles, tandis que les coups portés s'accumulent comme si on pilonnait une montagne. Nul adversaire ne peut trouver une ouverture pour attaquer, si d'aventure l'adversaire vient au contact il est immédiatement blessé, c'est ce que l'on appelle aussi le "Taiji sans faille". La vitesse des attaques éblouie, elles sont lancées comme des coups de tonnerre et frappent comme la foudre. Quand un maître de Tanglang quan est immobile, il est inamovible tel une montagne, quand il se déplace il est vif comme l'éclair, il est comme de l'eau en ébullition et brûle comme le feu. Le Tanglang quan a déjà une histoire longue de plus de mille ans. Pendant plus de sept cent ans, des Song du Nord à la dynastie Qing (1644-1911), le Tanglang quan, considéré comme un véritable trésor, ne fut transmis par chaque maître qu'à un unique disciple. En particulier, bien que le moine bouddhiste Fuju ait payé un lourd tribut pour le Tanglang quan, il ne put le maîtriser, et par conséquent ses disciples au temple Shaolin, eux non plus, n'acquièrent pas le Tanglang quan authentique. [Ce qui suit est aussi rapporté dans la gazette du comté de Laiyang de 1935]. ![]() Pendant la dynastie Qing, lors du règne de Qianlong (1736-1796), dans le village de Chishan, au comté de Laiyang, province du Shandong, il y avait un homme qui s'appelait Li Bingxiao et dont le père avait un poste de fonctionnaire dans le sud de la Chine. Une fois, alors que Li Bingxiao accompagnait son père dans le sud, un célèbre bandit de grand chemin qui avait était mis en prison était si sérieusement malade qu'il avait perdu connaissance. Alerté par un gardien de prison, le fonctionnaire responsable ordonna de le relâcher. Bingxiao non seulement était un expert au tir et un cavalier hors pairs, mais il avait aussi une vaste connaissance de la médecine chinoise. Il tâta le pouls du bandit puis acheta des médicaments et les lui fit prendre. Le bandit perdit beaucoup de sueur et revint à la vie, puis à la nuit venue, il profita de la première occasion pour disparaître. Quelques jours plus tard, alors que Bingxiao était assis seul, le bandit réapparut soudain au milieu de la nuit et s'agenouilla devant Bingxiao pour exprimer sa profonde gratitude. Les deux hommes parlèrent longuement et apprécièrent le temps qu'ils passèrent ensemble. Au bout de quelque temps le bandit enseigna son art du combat à Bingxiao. Ce dernier, comme le bandit, était doué pour les arts martiaux, il parvint donc à maîtriser l'art du bandit.
Plus tard, Bingxiao transmit son art à Zhaozhu (également connu sous le nom de Zhaolu) qui vivait au village de Chishan. Zhaozhu à son tour l'enseigna à Liang Xuexiang qui vivait au village Yushankuang, dans le comté de Haiyang, province du Shandong. Liang avait sous sa responsabilité de garder la résidence d'un domaine rural du comté de Laiyang. Une nuit il défit une bande de 36 pillards [il perdit un oeil dans la bataille et gagna le surnom de Liang le borgne]. Après cet épisode, il bénéficia d'une grande renommée et beaucoup de monde vint le trouver pour le supplier de leur enseigner son art martial. Toutefois, à cause de l'influence du mode de pensée traditionnel qui veut qu'on ne donne pas son art en dehors de son clan, les disciples de Maître Liang comme Jiang Hualong, Song Zide, etc. apprenaient seulement la forme "Ba zhou" [qui tire son nom des huit techniques de coude qu'elle inclut], puis Maître Liang "refermait la porte" [quand on devient le disciple d'un maître on dit selon l'expression consacrée qu'on "franchit la porte d'entrée"] c'est-à-dire qu'il ne leur enseignait rien d'autre. Jiang Hualong était un vaillant et talentueux combattant. Pourtant un jour il se battit à mains nues contre Ji Wuju et fut défait. Song Zide lui suggéra de se rendre chez Maître Liang, de se jeter à ses pieds et de promettre à genoux de veiller sur lui et de prendre en charge ses besoins matériels pour le restant de ses jours. Que Maître Liang décède de maladie ou de vieillesse, Jiang Hualong s'occuperait personnellement des funérailles. Hualong était absolument décidé à faire tout ça, Song Zide pour sa part financerait la construction d'une maison de six pièces pour Maître Liang (cf. figure 4). Maître Liang fut profondément touché par ses disciples, il appela Jiang Hualong par son petit nom: "Shanzi lève-toi, je t'enseignerai le reste de mon art". Les formes qu'il enseigna s'appelaient alors "mishou" (les mains secrètes) il s'agissait en fait des formes qu'on appelle aujourd'hui "Zhaiyao", il enseigna aussi les formes Luanjie, Bengbu...
Traduction: Patrick Cassam-Chenaï [Les notes entre crochets ont été ajoutées par le traducteur] Photos: Patrick Cassam-Chenaï, Ilya Profatilov .
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